Mon parcours avec l’anxiété : un chemin entre doutes, peurs et acceptation
L’anxiété a longtemps fait partie de ma vie, s’imposant parfois comme un fardeau invisible, mais omniprésent. « Mon parcours avec l’anxiété » est celle d’une lutte quotidienne, de doutes, mais aussi d’une belle évolution personnelle. Pour ma part, j’ai commencé une thérapie il y a déjà quelques années. C’est dès notre premier rendez-vous que ma thérapeute a posé les mots sur ce que je vivais : un état anxieux généralisé avec une hypersensibilité associée. Pour vous aidez à mieux connaitre l’anxiété, je vous raconte ci-dessous mon parcours personnel avec celle-ci.
Les premières manifestations de mon anxiété
Découvrir les terreurs nocturnes
Mon parcours avec l’anxiété a commencé très tôt. En effet, j’ai grandi dans un environnement familial assez anxiogène. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai commencé à développer des angoisses nocturnes très jeunes, aux alentours de 10,12 ans.
Pendant plusieurs mois, voire des années, je n’ai pas pu dormir seule. J’avais peur, mais je ne savais pas l’expliquer. Je ne comprenais pas ce qui me tracassait tant. J’allais toquer à la porte de mes parents pour pouvoir dormir avec eux. Cela devenait insupportable.
Pour me calmer, ma sœur a dormi dans la même chambre que moi jusqu’à mes 14 ans.

En grandissant, les angoisses nocturnes ont disparu. J’allais mieux et je menais ma vie plutôt normalement : j’étais très sociable, j’avais pas mal d’amis et je faisais beaucoup de soirées. Les week-ends, je jouais au basketball. Bref, j’avais une vie bien remplie et sans grosses angoisses.
Faire connaissance avec le stress pendant les années étudiantes et le COVID
Après mon BAC, j’ai tenté PACES. C’est une année de fac à faire avant de pouvoir officiellement commencer tes années de médecine. Après 1 an, un concours détermine quels seront les 80 premiers élèves sur 2000 qui pourront débuter leurs études.
À 18 ans, je partais donc de chez mes parents et allais vivre seule, à Lyon (une grande ville pour quelqu’un qui vient d’un village de 50 habitants dans les montagnes). J’avais un petit studio de 20m carrés et je ne faisais que réviser à longueur de journée ,y compris les week-ends. Dans cette nouvelle ville, je n’avais pas vraiment d’amis et l’ambiance concours ne m’a pas aidé à m’en faire.
J’ai ressenti peu d’entraide, et plutôt beaucoup du stress et de la pression d’être toujours parmi les mieux classés. Je n’ai pas réussi à être dans les premiers à la fin de l’année. J’ai vécu ça comme un énorme échec personnel. Mes parents se sont battus pour obtenir un prêt auprès de la banque pour pouvoir payer ma vie étudiante et je sentais les avoir déçu.
Comme j’avais perdu pas mal de kilos et de confiance en moi, et que ma santé mentale n’était pas au top, je n’ai pas tenté une deuxième année. Je suis ainsi partie directement en licence de biologie.
La deuxième année s’est avérée difficile aussi, mais j’ai ensuite rencontré un groupe d’amis dans lequel j’étais épanouie et avec qui j’ai profité de la vie et des soirées étudiantes. J’ai aussi opté pour la colocation, ce qui m’a aidé à m’ouvrir plus aux autres et à un peu plus lâcher prise.
Pour valider mon master, je suis partie faire mon stage de fin d’études à Montréal. Ce fut le deuxième gros tournant dans ma vie. Cette expérience reste la plus belle à ce jour. J’y ai rencontré une deuxième famille et vécu des aventures folles. Et pourtant, c’est lorsque je suis arrivée au Canada que la pandémie de COVID a pris une ampleur considérable et que le confinement a commencé en France.
J’ai connu et développé beaucoup de stress et d’angoisses par le matraquage des médias. Les images en boucle des corps qui s’accumulent dans les hôpitaux et des gens qui pleurent et qui se ruent dans les magasins me font paniquer. J’avais peur de l’inconnu et de ce qui pourrait arriver à mes proches, alors que je me trouvais loin d’eux.
Endurer une vie trop angoissante dans la capitale
Dernière grosse étape qui va capitaliser sur mon état d’anxiété généralisé : ma première expérience de boulot à Paris. Après mon retour de Montréal, je suis directement allée à la capitale pour un poste dans une grosse entreprise de recherche clinique très « corporate ». J’ai eu le poste grâce à une amie qui travaillait déjà là-bas.
Aussi, mon copain de l’époque vivait dans le nord de la France et je voulais me rapprocher de lui.
Après avoir passé 8 mois à Montréal, une ville presque cinq fois plus grande que Paris, mais où tout se vit dans une atmosphère décontractée et dans un environnement très accueillant, je suis arrivée dans l’agitation parisienne. J’ai emménagé et commencé ce nouveau travail après le confinement.
Tous les restaurants bars et lieux de divertissement étaient fermés. En prime, il y avait aussi le couvre-feu à 18 h. J’ai eu pleins de problèmes avec mon appartement, et à cause du télétravail 3 voire 4 jours sur 5, je n’ai pas pu m’intégrer comme il faut et avoir une vie sociale « normale ».
Je passais mes journées dans cet appartement à tourner en rond, avec un boulot très ennuyant rythmé par quelques réunions et quelques tâches à faire, mais pas de quoi occuper mes journées.

Mon copain de l’époque m’a quitté assez brutalement et c’était la goutte de trop. J’ai pris mes cliques et mes claques et je suis repartie vivre sur Lyon, près de mes proches.
Ma meilleure amie m’a accueillie chez elle et m’a ramassé à la petite cuillère. Le « bore-out » (syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui), la vie cloitrée dans mon appartement qui partaient en lambeaux dans une ville que je ne connaissais pas…puis la rupture un peu sortie du chapeau m’ont mis au fond du trou.
Il fallait faire quelque chose. Elle a donc pris le téléphone et a appelé pour prendre un rendez-vous en urgence pour moi avec sa thérapeute.
Apprivoiser l’anxiété : comprendre, accepter et trouver des solutions
Connaitre les origines de ses angoisses
Il y a 3 ans, mon amie m’a aidé à prendre une des meilleures décisions de ma vie. La thérapie m’a fait prendre conscience d’énormément de choses, mais surtout de ma santé mentale et à quel point il fallait en prendre soin.
Cela passe par essayer de comprendre quelles sont les causes de cet état d’angoisse, par l’acceptation et par la mise en place d’outils pour m’apaiser lorsque j’ai des montées d’angoisse ou des crises.
Ma santé psychologique est fragile depuis que je suis toute petite. Mon enfant intérieur à cruellement manqué de sécurité, d’encouragements et d’amour (ou du moins, de preuves d’amour).
J’ai donc grandi en ayant toujours peur. Peur du futur et du présent, peur de ne pas contrôler, peur de ne pas être assez bien. Face à des situations stressantes, mon enfant intérieur se manifeste : il surréagit et fait flamber mon anxiété.
La vérité est que je suis une adulte en état d’alerte constant. Mon cerveau tourne à 1000 à l’heure. J’imagine toujours tous les scénarios possibles pour une situation donnée et ceux auxquels je crois le plus sont toujours les pires.
Avant mon retour en France cette année, après mon séjour en Australie, l’anxiété s’est intensifiée, comme si je savais ce qu’il m’attendait du retour à la maison. J’ai eu des symptômes physiques très forts : palpitations, tremblements, troubles digestifs, nausées, fatigue, serrage des dents… Je me suis prise un bon retour de claque après ces 2 ans passés ailleurs. Pourtant l’aventure australienne était loin d’être facile. Je vous en parle plus en détails dans mon article L’illusion de l’herbe plus verte : Ma quête identitaire.
Ai-je emmagasiné le stress des 2 années et tout lâché lorsque je suis revenue ? Ou est-ce que je me sentais vraiment bien là-bas et que mon corps a pété une durite à l’approche du retour ? Ce sera à creuser.
chercher des solutions
Pendant longtemps, mon parcours avec l’anxiété a dicté un grand nombre de mes choix et de mes actions. Heureusement, après quelques passages compliqués en début d’année, je peux dire aujourd’hui que je vais mieux. J’ai mis en place certaines choses dans mon quotidien comme le sport, la thérapie de manière plus régulière, l’écriture…et surtout j’ai su poser mes limites et communiquer avec mes proches.
Cela ne fait pas si longtemps que j’assume (ou du moins que j’essaye d’assumer) mon anxiété. Je le répète plus haut et plus fort, à ma famille, à mon copain, à un plus grand nombre de gens et même à des personnes que je viens tout juste de rencontrer.
Les gens sont surpris lorsque je parle de mon anxiété et la résonance qu’elle a sur mon quotidien. Comme ça, on ne dirait pas que je suis quelqu’un de très soucieuse et pourtant. L’anxiété n’est pas encore derrière moi mais j’y travaille.
Aujourd’hui, j’aimerais qu’on arrête de croire que l’anxiété et l’hypersensibilité font de nous des personnes fragiles. Nous sommes capables. Je pense que la clé se trouve dans la compréhension de nous-mêmes, et également dans la communication avec les autres, ceux qui ne souffrent pas de ce trouble.
Toutes mes expériences m’ont servies. Je sais aujourd’hui un peu mieux ce dont j’ai besoin et comment le formuler, pour pouvoir vivre une vie plus sereine et avec moins de stress.
Et surtout on peut s’en sortir ! Ma thérapeute me le répète constamment et les témoignages le prouvent. On peut casser cet engrenage ! L’une de mes motivations en écrivant ce blog est que l’on puisse s’entraider pour réussir à se sortir la tête de ce qui pourrait s’apparenter à un puit sans fond.
Des solutions et des outils existent. Et si je peux, par mon vécu et mes expériences, vous donnez des pistes pour aller vers le mieux, je le ferais avec plaisir. Nous pouvons tous apprendre des autres.
Un message d’espoir pour ceux qui souffrent d’anxiété
Des angoisses qui ont commencé très jeunes avec des terreurs nocturnes et qui se sont intensifiées lors de mes expériences de vie, comme un nouveau boulot dans une nouvelle ville ou le COVID.
Aujourd’hui, mon parcours avec l’anxiété n’est pas terminé. Cependant, je suis bien décidée à prendre soin de moi et à écouter mon anxiété. La comprendre pour mieux la gérer et vivre en paix et en toute sérénité.

Et toi, quelle est ton histoire avec l’anxiété ? 🙂